Management, paix économique et réduction du stress
- Introduction : Dominique Steiler
- Table-ronde : Olivier Dubigeon, Christian Le Mellec, Véronique Sichem, Frédéric Bosqué, Bénédicte Gendron, Geneviève Bouchez-Wilson.
- Atelier en plénière (forum ouvert) conduit par Yves Mathieu
Présentation de l'intervention de Dominique Steiler
Pleine conscience et éducation supérieure :
Depuis des décennies, les programmes de formations des futurs managers en école d’ingénieurs ou en école de management, sont insufflés par les demandes des entreprises perçues comme les clientes. Celles-ci, prisent dans le piège du quotidien, de l’accélération perpétuelle des contraintes économiques, aimeraient recevoir de la part des institutions d’enseignement et de recherche la possibilité d’une prise de recul et la force d’élans nouveaux… tout en réclamant des managers immédiatement opérationnels. Cette double contrainte pousse les institutions d’enseignement à ne considérer et ne valoriser que les compétences techniques, quand les managers en fonction savent eux que leurs problèmes sont pour la plupart issus des dynamiques humaines. Notre propos sera celui la nécessité de mettre au centre des formations de managers ce que nous appelons les compétences-cœur, à savoir les compétences humaines. Une fois initiées, elles seront le socle de décisions et d’actions rendant les compétences techniques plus efficaces et mieux ajustées.
Pleine conscience et monde du travail :
Point primordial : la pratique de la pleine conscience, nouvelle dans le contexte du travail, est de plus en plus saisie par l’entreprise comme un outil au service d’un but très spécifique : réduction du stress, augmentation du bien-être. Il nous semble que ce n’est pas là son apport principal, voire même qu’il y a même la risque d’une instrumentalisation nouvelle. En effet, au-delà de la dimension de l’intime dont l’intérêt est plus d’ouvrir la conscience pour avoir un espace plus vaste face à nos décisions ou actions, la pleine conscience peut alors faire évoluer les attitudes au travail et redonner au management sa fonction primordiale : être au service. Cette mise au service d’autrui, d’autant plus grande que la fonction est élevée, servira à nourrir les besoins fondamentaux des employés au service de l’entreprise : être en sécurité et en santé, trouver sens et reconnaissance pour enfin pouvoir créer et s’exprimer librement, quel que soit le métier.
Présentation de l'intervention d'Olivier Dubigeon
Vers une responsabilité intégrale de l’entreprise :
Toute entreprise s’efforce de mettre son intelligence au service de la valeur. Mettre l’entreprise en pleine présence, c’est-à-dire pleinement consciente des impacts qu’elle génère sur « ce qui fait Société », conduit à réinterroger ce que signifie « intelligence » et « valeur » à la lumière d’une responsabilité intégrale.
Laïque et non religieuse, source d’une métamorphose de l’économie pour répondre aux grands défis de notre temps, la responsabilité intégrale appelle à transformer l’ ‘esprit’ de l’entreprise, c’est-à-dire revisiter sa raison d’être, et donc ses pratiques métier. Elle ouvre des champs nouveaux de connaissance et de transformation, qui conduisent à enrichir l’être humain, les relations humaines et donc les organisations d’une manière innovante. Elle appelle une éducation par l’expérience, au cœur des contradictions.
Olivier Dubigeon la pratique depuis 40 ans au cœur des organisations. Il partagera son témoignage éclairant, dédié à la mise en pratique opérationnelle.
Présentation de l'intervention de Christian Le Mellec
La Mindfulness et la libération des entreprises :
Depuis quelques années, les entreprises libérées, ou sur le chemin de la libération (Poult, Favi, Chronoflex, Scarabée biocoop…) inventent des modes de fonctionnement radicalement différents. Elles remettent en question le fonctionnement hiérarchique et la structure pyramidale de leur organisation, bannissent les signes de pouvoir et tentent de nourrir les trois besoins fondamentaux de l’homme, clés du bonheur au travail : l’égalité intrinsèque, le développement personnel et professionnel et la liberté d’action. Sur cette voie de transformation, les difficultés sont nombreuses et sont notamment alimentées par les peurs et les rigidités de comportement des personnes. L’un des premiers obstacles est « l’ego du dirigeant » qui doit abandonner bien des conforts et des certitudes.
C’est ici que la pratique de la Mindfulness/Pleine présence peut apporter des bienfaits incomparables. Au-delà de ces effets très positifs sur la réduction du stress, elle peut entraîner un véritable changement d’attitude. Instant après instant, la Pleine présence nous invite à lâcher nos pensées, nos crispations, nos attentes, nous entraînant à un lâcher-prise qui nous ouvre à une nouvelle perception de nous-mêmes et à un changement en profondeur. De plus, elle nous amène à entrer en contact véritablement avec notre état naturel, à goûter la plénitude de l’instant présent — rien à changer —, nous permettant davantage d’œuvrer pour le bonheur d’œuvrer, en retirant de cet exercice une pleine satisfaction. La bienveillance vis-à-vis de soi et des autres, la vision plus profonde de l’interdépendance de toutes choses, inhérentes à la Pleine présence, incitent également chacun à agir pour le bien de ses clients, mais aussi de ses fournisseurs et de ses collaborateurs. Ainsi la Pleine présence peut-elle amener une transformation profonde des entreprises, notamment celles qui sont sur le chemin de la libération.
Présentation de l'intervention de Véronique Sichem
Pour quoi la Mindfulness au travail ?
Le travail n’est qu’un moment de la vie des êtres humains mais il est prenant. Chaque entreprise, comme chaque personne, est traversée d’inéluctables tensions, la plus centrale aujourd’hui étant celle de pérenniser et développer l’activité dans un climat de grande morosité ambiante.
L’on parle souvent du monde du travail alors qu’il existe des mondes du travail ou à tout le moins, des réalités de travail très variées. Au travail, les personnes comme les Organisations créent de la valeur ajoutée et celle-ci se mesure de différentes façons. Bien sûr, en argent mais aussi en découvertes scientifiques et ses applications, en lien social, en visibilité dans l’environnement, en satisfaction personnelle ou collective d’être utile, etc…
La Mindfulness acquiert petit à petit ses lettres de noblesse en entreprises, notamment au sein des dispositifs pour prévenir ou traiter la souffrance au travail. Les lois relatives au bien-être adoptées par certains pays encouragent évidemment aussi les employeurs à permettre l’accès à ces approche autant pour les travailleurs que les dirigeants.
C’est un axe important pour les bienfaits qu’elle apporte sur la santé des individus mais ce serait une vision réduite des apports de la Mindfulness que de la considérer seulement dans cette perspective. En effet, plus globalement, elle contribue à améliorer l’intelligence de ce qu’il se passe – aux niveaux individuel, inter-relationnel et groupal – dans un lien plus détendu. Et elle peut contribuer à favoriser les choix responsables dans un contexte donné, à partir d’une mission institutionnelle et professionnelle.
Présentation de l'intervention de Frédéric Bosqué
Pleine conscience et management :
Le management consiste en grande partie à négocier avec le réel les ressources nécessaires à la satisfaction des besoins durables et nécessaires à la raison d’être d’une organisation. Hors cette négociation ne peut aboutir durablement dans le respect des humains et de la nature que si et seulement si nos stratégies actuelles sont pertinentes par rapport à l’instant présent que vit l’organisation. Plus les membres d’une organisation sont capables de vivre en pleine présence et plus ils peuvent actualiser leurs stratégies / à l’instant qu’ils vivent et que vit l’organisation. Au delà de cet aspect purement pragmatique, la pleine présence utilisée régulièrement par les humains, qui sous-tendent tous les rôles d’une organisation, va développer une plus grande résilience des parties prenantes de l’entreprise face aux situations nombreuses qui suscitent stress, angoisses et inquiétudes.
Présentation de l'intervention de Bénédicte Gendron
Les enjeux de l’introduction de la Pleine Conscience dans le monde du travail :
Vers une responsabilité intégrale de l’entreprise :Les enjeux de l’introduction de la Pleine Conscience dans le monde du travail et en particulier dans la formation professionnelle auprès des futurs enseignants et des futurs et actuels manager et responsables ainsi que son impact sociétal pour un mieux-vivre ensemble. Il ne peut y avoir de Changement sans changement d’hommes et de femmes et la clé en est l’Education. Quelle la place le Politique donne, de manière générale, à l’Education et à l’éducation au Savoir-être et aux sciences plurielles de l’Education pour autoriser ce changement.